Nous, participants de la première Conférence africaine sur la réduction des risques en santé, nous sommes réunis du 16 au 18 novembre pour délibérer sur les risques en santé, lesquels comprennent tous les dangers et risques pour la santé qui échappent au contrôle des individus et relèvent donc de la responsabilité des pouvoirs publics. La conférence était axée sur la réduction des risques en santé en tant que stratégie visant à améliorer les systèmes de santé sur le continent en termes d’accessibilité, de qualité et d’accessibilité financière.
Rassemblant plus de 800 participants de haut niveau d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Europe, d’Asie et des Amériques, dont des représentants des gouvernements, des praticiens de la santé, des scientifiques, des chercheurs, des représentants des médias et de la société civile, la conférence a été une rencontre de premier plan d’esprits qui se consacrent à l’amélioration de la qualité des soins de santé en Afrique.
Conscients que, dans ce contexte post-pandémie où l’humanité a franchi le cap des 8 milliards d’individus, des soins de santé accessibles, de qualité et abordables sont indispensables pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies en général et de l’objectif n° 3 – Bonne santé et bien-être – en particulier.
Conscients de la nécessité d’apprécier et d’évaluer les systèmes de santé par rapport aux innovations, à l’inclusion numérique, au financement, aux réformes politiques, aux considérations sociales et autres, ainsi que de la de la nécessité de construire une communauté de la santé qui favorise l’inclusion consultative multisectorielle afin de faire émerger des sociétés plus saines où la dignité et la santé de tous les citoyens africains sont préservées, le programme de trois jours a créé une plateforme multidimensionnelle et interactive qui a permis à un grand nombre d’experts de participer à des échanges enrichissants.
Préoccupés par les ressources insuffisantes, les infrastructures souvent déficientes, les faibles taux d’alphabétisation en matière de santé dans les pays du Sud, d’une part, et par la stigmatisation, les obstacles et la réticence à coopérer des pays plus riches, comme en témoigne la pandémie de Covid-19, d’autre part ;
Avons répondu en partageant et en échangeant des interventions qui peuvent servir de fondement à un nouveau cadre fondé sur une collaboration multisectorielle pour mener des recherches scientifiques en vue de l’élaboration de directives politiques et réglementaires fondées sur des données probantes qui peuvent contribuer à la prévention et à la réduction des risques en santé et assurer la sécurité et la protection de la santé pour tous les citoyens ayant un accès équitable à des soins de santé de qualité en Afrique.
Délibéré sur le renforcement des systèmes de santé en Afrique en mettant l’accent sur les responsabilités des gouvernements ainsi que les modèles de durabilité financière, l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour accélérer la numérisation, l’émergence de la thérapie par le cannabis médical, les déterminants sociaux de la santé, y compris les « tueurs silencieux », la santé mentale et les addictions.
Sommes convaincus que l’approche de la réduction des risques en santé, axée sur le droit fondamental du patient-citoyen à des soins de santé, peut constituer une stratégie de santé publique efficace permettant de réduire les risques tout en diminuant le fardeau de santé, surtout celui associé aux maladies non transmissibles (MNT), et de contribuer à la réalisation de l’objectif mondial ambitieux consistant à réduire les MNT de 25 % d’ici 2025.
Reconnaissons les progrès réalisés par les gouvernements qui se lancent sur la voie difficile mais nécessaire de la mise en place d’une couverture médicale universelle dans les systèmes nationaux, qui donnent la priorité à la réduction des risques lorsque cela est possible et s’efforcent de réduire les inégalités territoriales et socio-économiques dans le but d’inclure toutes les citoyennes et tous les citoyens sur la base des valeurs d’humanisme et de solidarité.
Conscients de la nécessité impérieuse pour les pays africains de collaborer afin de définir un système de santé africain collectif, intégré et résilient et de partager les meilleures pratiques pour assurer la sécurité sanitaire et des soins de santé de qualité pour toutes et tous sur le continent, la conférence a formulé les recommandations suivantes :
Recommandations
- Promouvoir le renforcement des systèmes de santé sur le continent africain en utilisant une approche de réduction des risques.
- Améliorer les conditions de vie quotidiennes de toutes les citoyennes et de tous les citoyens, par l’amélioration de l’environnement dans lequel les individus naissent, grandissent, vivent et vieillissent, et ce grâce à la transformation des systèmes de santé, à des stratégies éthiques de réduction des risques et à des innovations en matière de réduction des risques pour les risques sanitaires connus.
- Développer des politiques de soins de santé en Afrique axées sur une couverture médicale universelle au patient-citoyen et respecter l’accès équitable à des soins de santé de qualité en tant que droit humain fondamental.
- Promouvoir les mécanismes de protection sociale et garantir l’accès à des services de santé essentiels de qualité et abordables, y compris les médicaments pharmaceutiques et les médecines traditionnelles et naturelles.
- Présenter les stratégies de riposte face à l’épidémie de Covid-19 et en tirer des enseignements qui serviront d’exemples pour la mise en œuvre d’un système de soins de santé efficace, collaboratif et résilient en Afrique.
- Accélérer la mise en œuvre de la vision et de la stratégie des soins de santé primaires et développer la télémédecine et l’utilisation de la santé numérique pour atteindre les populations isolées et vulnérables.
- Améliorer l’accès à des soins en psychiatrie et en santé mentale de qualité, en phase avec le développement des connaissances et des traitements et les besoins spécifiques des patients liés à leur âge, leur condition socio-économique, leur environnement et leurs vulnérabilités.
- Reconnaitre les addictions, avec ou sans substance, comme des maladies éligibles à des soins remboursables.
- Promouvoir l’éducation à un mode de vie plus sain, dont l’activité physique, une alimentation saine et des choix de vie à moindre risque.
- Accroître le financement de la santé en recourant à des mécanismes de financement novateurs et durables, notamment des partenariats public-privé, augmenter l’affectation des ressources nationales et se féliciter de la solidarité mondiale.
- Promouvoir le cannabis médical comme nouveau traitement contrôlé pour des symptômes et des maladies spécifiques et établir des principes directeurs éthiques pour réglementer le cannabis médical afin d’en faire une mesure de réduction des risques.
- Reconnaître que le domaine de la santé numérique et les innovations, notamment la télémédecine, l’intelligence artificielle, la chirurgie robotique et la médecine régénérative, offrent la possibilité de développer et de renforcer les systèmes de santé africains en supprimant les obstacles que sont le coût, l’accessibilité ou la qualité insuffisante des soins, tout en élargissant la gamme des services fournis, notamment dans les régions où les infrastructures et le personnel médical sont rares ou inexistants.
- Élaborer une charte africaine de la réduction des risques de santé fondée sur une vision multipartite de la réduction des risques en santé en tant que démarche essentielle à la transformation souveraine des systèmes de santé dans un environnement africain qui privilégie la solidarité et la coopération au service de la sécurité sanitaire de toutes les citoyennes et tous les citoyens africains.
- Tenir une conférence annuelle pour garantir la poursuite et l’accélération des efforts en vue d’améliorer la couverture médicale universelle pour toutes et pour tous sur le continent africain.
Marrakech, le 18 novembre 2022